Louise Bergeron : de Gazelle à directrice technique
Elle a fait partie du premier équipage québécois de ce rallye. Elle a gagné l’édition 2002 avec Claudine Douville. Louise Bergeron est aujourd’hui passée de l’autre côté du tableau de bord pour transmettre sa passion de la navigation.
Un premier Rallye Aïcha des Gazelles en Mauritanie
C’était en 1996. Louise, à l’époque directrice technique dans un réseau de sport, découvre le rallye à la télévision. « Là, je me suis dit, c’est ça que je veux faire. Avec ma coéquipière, Sylvie Vincent, nous avons essayé d’avoir des formations de carte et de boussole. La veille du départ, nous avions une formation de navigation en Mauritanie avec Yvan Guillot, un des pionniers du rallye. » Seuls 17 équipages prennent le départ cette année-là. Louise et sa copilote arrivent 4ème : « Le paysage est assez différent du Maroc avec de vastes étendues d’ardoises, des cordons de dunes et t’as pas le choix, il faut que tu passes. »
Des souvenirs à en perdre la boussole
C’était il y a 22 ans ce premier rallye. Louise y allait pour découvrir le désert, la conduite hors-piste, la navigation…Elle a conservé les cartes au 1/70 000ème. « Sur la carte, il y avait des ronds comme une grande assiette, il fallait rouler dedans, monter, sortir et après souper, l’autre équipage Québécois nous a expliqué que c’était du sable mouvant. Tu prends des risques quand tu ne sais pas. » C’est avec sa collègue et amie Claudine qu’elle redevient Gazelle en 2001 : « C’est devenu plus compétitif. Comme Claudine et moi étions du métier, on avait décidé de faire des reportages, on prenait des entrevues au bivouac, on s’arrêtait pour montrer ce qu’on mangeait, on était épuisée mais on est quand même arrivées 6ème. »
2002 : l’année de la consécration
C’est seulement avec un demi-point d’écart, un tout petit demi-point d’écart que Louise et Claudine gagnent l’édition 2002. « On était tellement préparées, on savait à quoi s’attendre et on cherchait la pole position. On allait donner le tout pour le tout et c’était toute catégorie confondue. Le plus dur, c’est de conserver sa position parce qu’on a très vite été premières. On s’était tellement mis la pression qu’on calculait nos tours de roue. »
La dernière journée avait été très particulière : « On partait dernière avec le tirage au sort, on s’est enlisé dans la boue car c’était une année où il avait plu énormément. On a eu une crevaison et en 20 minutes on est reparti. C’est impossible de faire ça chez soi, c’est l’adrénaline là et on est arrivés au bivouac presque les dernières. Souvent je me réfère à cette journée-là dans ma vie personnelle et mon travail et je me dis que je peux, que je suis capable vu ce que j’ai fait… Quand on a gagné, on a mis une semaine à réaliser. »
Un amour pour la navigation
En 1996, Louise était pilote mais elle a très vite su naviguer, sa coéquipière étant malade durant les deux premiers jours, elle faisait les deux. Par la suite, elle a été navigatrice mais par défaut au départ car c’est sa coéquipière, Sylvie, qui voulait conduire. « Pour moi, le Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc, c’est minimum 70% de navigation. C’est venu petit à petit pour moi. Au départ, le plus dur, c’est de reconnaitre le terrain par rapport à la carte, tu fais des bons choix, t’en fais des moins bons. Il faut toujours savoir où tu es. Maintenant je sais quelles dunes traverser selon la carte. »
En 2003, l’ancienne Gazelle commence la formation : « Après avoir gagné, je me suis dit que je pouvais apporter quelque chose de plus qu’un formateur masculin qui ne connait pas le sentiment qui t’habite quand tu cherches une balise pendant 4h. » Depuis, Louise forme les futures Gazelles au Québec et aux USA et transmet sa passion pour la navigation. « Voir au début de la journée des regards hagards, un regard de flétan frit comme dit ma copine puis l’évolution quand elles commencent à comprendre et qu’à la fin de la formation, elles se sentent prêtes, c’est ma plus grande satisfaction. Et sur le terrain, elles sont contentes, elles peuvent parler Québécois. »
Sur le rallye, Louise est aussi commissaire de course. Elle gère chaque matin les départs et fait respecter les règlements. Pendant la journée, elle s’assure que tout se déroule bien, que les filles prennent soin d’elles mentalement et physiquement et le soir, tous les commissaires se retrouvent pour gérer les pénalités, les réclamations et faire un point sur la journée.
Un rallye qui l’a aidée au quotidien
« Le Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc, c’est quelque chose qui m’appartient. Il fait partie de moi, de ma vie. Je suis ce que je suis en partie grâce aux Gazelles parce que tu te dépasses toujours. Tu ne fais pas tout ça tous les jours, t’as pas le choix il faut que t’avances. Et aujourd’hui je sens que ça m’a aidé dans mon travail et au quotidien. »
La suite ? « L’avenir nous le dira. Mais peut-être un jour je ferai un autre rallye mais pour le moment je me consacre pleinement à mon rôle de directrice technique.»