Côté aventure, le marathon : c’est long et ce n’est que le premier
ÉTAPE #5, MECH IRDANE-OULAD DRISS
6 heures. Le départ est donné pour la première ligne, avec en cadeau une petite bouteille de champagne, offerte par Tsarine, un des sponsors de l’événement. Le moral des troupes est bon, surtout qu’elles vont en prendre plein les yeux au milieu de paysages dignes des plus beaux décors de cinéma marocain. Les mines sont bronzées, réjouies mais un peu creusées par un prologue et 4 étapes. Les Gazelles doivent parcourir 275 kilomètres à vol d’oiseau soit près de 320 kilomètres en autonomie totale. Pas d’assistance mécanique le soir, pas de ravitaillement carburant, un bivouac improvisé et 12 balises à valider sur les deux jours.
Parties plus confiantes et plus assurées
A la première balise du parcours E, l’équipage 163 (Carine RANDIN / Fabienne VULLIAMOZ BUFFAT - Jenny Systems Sàrl) peut dire qu’il a trouvé ses marques : « Ça y est, on est dans le bain. Mais je ne pensais pas que les étapes derrière nous seraient aussi complexes. On va essayer d’aller jusqu’au CP 6. » Dès le premier jour, les difficultés sont pourtant bien présentes. Les Gazelles ont dû naviguer avec beaucoup de précision et ne pas se précipiter. Ce début d’étape a déjà été emprunté dans le sens inverse la veille mais pas sûr qu’elles ne se remémorent la moindre vallée ou le moindre relief. A la balise 1 du parcours D, certaines regonflent les pneus. Pendant que d’autres s’étonnent : « On a mis 10 minutes de moins que ce qui était écrit dans le road book. Je me suis trompée quelque part ou quoi ? » C’est toujours le stress quand elles arrivent à une balise…
Pour relier la seconde balise, l’équipage 166 (Stephanie PIERI-CHESNAIS / Isabelle AVIS - TRANSAVIA) reste concentré : « Là, on va se déporter un peu. Ça te convient ? On passe entre. On va contourner le djebel Signil. » Ce soir, elles veulent aussi faire la fête. « Enfin, ça dépend comment se passe la journée » ajoute la navigatrice. L’équipage 221 a eu du mal à la trouver. « C’est une balise à 80 points donc forcément, cela signifie que son niveau de difficulté est plus élevé que les balises à 40 ou 20 points. » La pilote pense prendre sa revanche à la prochaine…sauf que c’est aussi une balise à 80 points. La mère et la fille de la 215 (Christine BOUVEROT-REYMOND / Emma GALPIN - Allians Taxi) étaient 65ème au classement en partant. « Le caillou, ça ne me perturbe pas. Il faut juste bien juger si la voiture peut monter et ne pas caler au mauvais moment. » Les filles de la 115 (Laurence SERAFIN / Pascale NAVARRO - Vinci immobilier) trouvent cette étape plus facile que celle de la veille. « On a pleins de repères et on s’est amélioré, on le sent. Mais les difficultés augmentent autant qu’on progresse. »
Rendez-vous donné balise 5
Les Gazelles se sont déjà organisées pour cette nuit. « On a pris notre carte des étoiles du ciel pour ce soir, on est en forme. » fait savoir l’équipage 170 (Francine ABGRALL / Suzanne Wadsworth - Europ Assistance). Beaucoup veulent se retrouver à la 5ème balise de manière à la valider dès son ouverture à 6h du matin. Mais y arriveront-elles ?
La team 218 (Nadine DA CRUZ / Laetitia BARROS TEIXEIRA - DC BATIMENT / BARROS TP) est tranquille : « On se dit qu’on n’a pas trop de pression, on n’a pas à rentrer. On roule tout doux. » Ce qui est sûr, c’est que la plupart des Gazelles préfèrent la plaine caillouteuse du jour au sable. Les Gazelles sont détendues, elles ont pris leurs marques. Le parcours des E-Gazelles leur fait grimper des crêtes de dune. Les paysages changent. Les plats à tajine, crêtes en forme de plat à tajine, apparaissent. Mais le terrain reste cassant. A partir du CP4, c’est plus facile. Si les plaines vont s’étendre au-delà du regard, les caps vont grandir.
Il leur faut 1h50 sur le papier pour rejoindre la balise 4. Elle est bien cachée alors plusieurs filles ont décidé de la zapper. Pour la relier, la pierre emplit le paysage. L’on pourrait se croire sur la planète Mars. En y arrivant, la 225 (Nadege GIRARDOT / Delphine BIROLINI - Groupe NEDEY Automobiles) pleure. Besoin de relâcher.
Des montagnes, des dunes, du sable, des plaines caillouteuses, les Gazelles ont eu la chance d’avancer sur une multitude de paysages avant de poser leur tente au milieu du désert…
Un mini bivouac sous le ciel étoilé
A la balise 5, une cinquantaine de voitures sont là. Un mini bivouac s’improvise loin du tumulte du vrai bivouac. Les Gazelles attendaient cette soirée unique au milieu du désert depuis le début de la journée. Elles décompressent. Un groupe fête l’anniversaire de l’une d’elles. Un autre se raconte ses anecdotes d’étape. Quand certaines prennent des caps sur des…dromadaires ! Mais les filles restent sages. Elles sont couchées tôt. Une grosse journée les attend le lendemain…
Jour 2 : le temps s’accélère
Même pendant le marathon, les premières Gazelles décollent à 6h juste après avoir pointer leur balise. Elles ont pris de bonnes habitudes. Cette fois-ci, ce sont les plaines sablonneuses de l’oued Bou Haiara qui s’offre aux compétitrices. Il y aura du sable, pas aussi majestueux que sur l’épreuve des dunes de Merzouga mais pas pour autant moins fourbe. Sur la 7 du parcours A, l’équipage 126 (Jocelyne BOUSSER / Aurore DEVAL - Les Ateliers Pédagogiques) s’est tankée en partant de la CP5 : « Il n’y avait presque pas de sable mais je n’avais pas dégonflé. »
Les reliefs sont tantôt noirs, tantôt marrons, le sable jaune ou rose selon la lumière. Ce sable mou fait tanker la team 167 (Emmanuelle HONORE / Gaëlle GALLIMARD - SNCF). « On a fait un beau croisement de ponts en allant sur la 8E ». Le paysage offre une sensation de solitude qui angoisse certaines Gazelles. L’équipage 125 (Dominique CREPIN. GUERIN / Beatrice Mennessier - SA WARLUZEL) arrive sur le CP 8 du parcours commun E et B. Elles n’ont plus d’essence. « On a oublié de ravitailler avant de partir à l’étape marathon. En 4 rallyes, ça ne m’est jamais arrivé ». Un grand cirque de plus de 10 kilomètres amène les Gazelles sur la fin du parcours. Au fond, une plaine impressionnante forme une dépression et ne possède qu’une sortie. Les Gazelles vont mettre du temps à en sortir. Le buggy de la team 246 (Carole MONTILLET / Sylvie GODEAU GELLIE - Vakkorama) s’y trouve bloqué provoquant un embouteillage. Suite aux cailloux qu’affrontent les roues depuis des heures, les vibrations sont nombreuses et leur rotule de direction s’est cassée. Leurs roues avant sont en canard. Elles font un appel mécanique et l’annulent quand l’hélicoptère arrive. Car des Gazelles leur apportent le matériel nécessaire pour faire tenir la rotule. Une trentaine de gilets roses observent la scène, Anne-Marie sous le buggy. La réparation est rapide. Applaudissements. Et vive la douche !
Le classement va commencer à prendre forme à l’arrivée de cette première étape marathon. Demain, de nouvelles dunes attendent les Gazelles. Et une nouvelle étape marathon loin du bivouac.