Côté aventure, Chegaga pour terminer en beauté
ÉTAPE #6, OULAD DRISS-FOUM ZGUID
Ce deuxième marathon comprend 235 kilomètres de kilométrage idéal pour un temps estimé à 15h30. Les balises sont au nombre de 11. Une étape marathon qui succède à une autre. C’est sportif, intense et long ! Chaleur, fatigue, maîtrise et émerveillement sont au rendez-vous ces deux derniers jours.
Un classement qui devrait bouger
La région de Chegaga, son sable, ses collines, son oued Draa, ce sont les dernières images de désert marocain que verront les Gazelles. Elles ne se disent sûrement pas cela… Sur la ligne de départ, les visages sont tendus. Pas seulement par la fatigue. Certaines commencent à voir la fin de l’épreuve et avec au bout un classement qu’elles voudraient maintenir ou faire progresser. L’équipage 187 (Jennifer KALKA / Jessica AUBERT - VULPES ZERDA) l’admet : « On est hyper excitées. On veut faire au mieux et tout déchirer comme c’est la fin. » La team 176 (Françoise BRENCKMANN / Oriane BRENCKMANN - Leduc) est 57ème au classement général au départ de ce marathon : « Ce serait bien d’arriver dans les 60 premières mais je n’aime pas trop les dunes, c’est long et lent. » Elles partent seules. Pas le droit à l’erreur. Chegaga et ses dunes seront-elles plus vicieuses que Merzouga ? Elles semblent bien cacher leur jeu…
Concentration requise
Pour commencer, il faut passer d’innombrables dunettes et les filles le savent, ce sont les plus traîtres. L’équipage 182 (Alexandrine ANDRE / Amandine VIROULAUD - Beam Suntory) l’avouent : « Il faut qu’on reste concentrées malgré la fatigue. On est troublées, les cartes sont différentes de d’habitude. Il y a beaucoup plus de reliefs et comme du réel. Peut-être que c’est pour nous aider à nous repérer. » Elles ne veulent pas aller chercher les difficultés et jouent l’assurance. « Ça ne nous empêche pas de profiter mais Gazounet, il faut qu’il rentre ». L’équipage 231 (Perrine THERY / Astrid WILLAERT - PLB Energie Conseil) reste très prudent : « On va y aller progressivement. On alterne entre le pilotage et la navigation donc quand on va changer, on va repartir de zéro. Mais on est venues pour apprendre. »
Quand la fatigue prend le dessus
C’est la régularité qui va compter sur ces dernières heures de course. Ne surtout pas se relâcher au risque de perdre les bénéfices de tout ce qu’elles ont fait jusque-là. Pour l’équipage 158 (Gazelle Gazelle / Chloé JARAS - ASSYSTEM France), le début de ce marathon n’est pas terrible : elles arrivent à la deuxième et…mauvaise balise. Elles se sont perdues dans les dunettes. « C’est la première fois qu’on va trop loin. On est fatiguées et du coup, ces petites erreurs nous ont mis un coup au moral mais on se requinque. » Sur la carte, le relief ressemble à des montagnes. Les expertes vont rentrer dedans pendant que les novices vont les contourner. « Il faut savoir s’écouter. Ce rallye est vraiment épuisant moralement et physiquement. Tout est démultiplié ici, les émotions, la fatigue, c’est assez incroyable. » L’équipage 142 (Amélie CRIMETZ ZORDAN / Stephanie MARTINEU - AATHEX) est aussi sur les rotules. « On ne fera pas le parcours X. On ne veut pas se mettre en danger. » Elles appréhendent la suite du programme…
La voiture elle aussi épuisée
Il y a la fatigue de la pilote, de la navigatrice mais aussi celle de la voiture. L’équipage 144 (Laurene VOILLEQUIN / Laure AVELINE - Adhome Services) est en train de la vivre : « Il y a deux jours, on n’avait pas sorties les plaques de désensablage, ni la sangle, ni la pelle alors que c’est notre première participation et qu’on avait jamais fait de navigation au Maroc. Et là, on a crevé. Au moins, on sait le faire mais on veut que ça s’arrête. On espère finir sur cette lancée. » Difficile de mettre les roues où l’on veut. Elles iront où elles peuvent. Les dunettes de deux mètres de haut au maximum, ne permettent pas de garder le cap. Il faut dériver. Les Gazelles oublient les kilomètres et pensent au temps. Sur le parcours B, l’équipage 111 (Catherine OSTERMANN / Sylvie ESPINASSON - Carbel Hydrocurage - Gravier TP) se dirige vers la balise 5 : « On a eu du mal à trouver la balise 3. On a bien galéré dans les dunettes. Il faut les prendre différemment de celles que l’on a déjà traversées. Du coup, on s’est ensablées et un peu tankées… »
Retour des dunes
Le ciel voilé avantage les Gazelles. Le vent qui se lève les inquiète. Les meilleures attaquent les dunes en fin de journée. Les dunes de Chegaga sont moins hautes, plus arrondies, un peu plus enroulées mais pas forcément plus faciles. Elles sont moins impressionnantes que celles de Merzouga mais pas moins cassantes. Le sable est tantôt mou, tantôt dur. Heureusement, la route de certaines va croiser celle d’autres Gazelles. A partir de la CP 4 et ce, jusqu’à quelques kilomètres après la CP 5, elles peuvent se suivre. La team 220 (Delphine Bichoffe / Christine Hunka - BFGoodrich) est tankée et revoit ses objectifs : « Il ne faut pas y aller trop fort. On était optimiste, on pensait dormir à la 6 mais on va déjà aller à la 4. » La navigatrice de la team 114 (Sonia BARDEN / Delphine VANMALDER - Team Asset Managment) pleure en arrivant à la balise 5 du parcours X. La faute à la fatigue mais aussi à une navigation très difficile qui a dû se faire sans repères. Les Gazelles vont passer une dernière nuit sur le sable, seules, entre elles.
Dernières heures !
Deuxième jour de marathon et dernier jour de course. Le marchand de sable est encore passé. Quel que soit le parcours choisi, toutes les Gazelles traversent l’Erg avec plus ou moins de difficulté. Le véhicule des 153 (Fabienne GALIDIE / Tania LIO-MARTINEZ - MM-EVENTS Sàrl) cale tout le temps. Elles sont arrêtées toutes les trois dunes. En haut d’une dune, l’équipage 246 (Carole MONTILLET / Sylvie GODEAU GELLIE - Vakkorama), les deux fidèles du rallye ne pensent pas être sur le podium cette année. Ce matin, les Gazelles découvrent des dunes raides mais le sable est encore frais. La team 22 (Tracy MORANDIN / Valérie ROCHE - MORANDIN Yves) est d’humeur festive. Valérie fête ses 34 ans aujourd’hui.
Elles l’ont fait
Sur la balise 7 du parcours X, le plus difficile, l’équipage 138 (Mélissa BERT / Aurélia PAPET) arrive en pleurant. Les 131 (Sandrine LANG / Susanne RIEL - EST ENTRETIEN ETANCHEITE) se sont battues pour aller chercher cette balise : « On a crevé et changé une roue en plein sur une dune, c’est pas ce qu’il y a de plus simple. » La team 23 (Valerie WANNEZ / Emmanuelle GIRAUD BUSSAT - EBV FRANCE) arrive à 12h20 sur la huitième balise des parcours A et E, c’est trop tard. Le CP fermait à midi. Fini les dunes, place au lac Iriqui, avec une traversée de plus de 10 kilomètres d’un espace lisse et sans reliefs. La montagne en face sembler sortie d’un lac interminable. La chaleur et la fatigue rendent l’avancée complexe. Il ne faut pas perdre la lucidité. Les reliefs du M’daouer, ce gros plat a tajine, accompagnent les dernières Gazelles en fin de journée. Sur l’avant dernière balise, l’équipage 206 (Jennifer Royer / Elodie Campoy - MERCI à notre Famille) est décontracté. Il ne reste plus qu’une balise à valider avant d’arriver au bivouac. « On se demande si on s’est amélioré ou si c’est plus facile. » Le pointeur joue les rigolos et fait croire aux filles de la 237 (Marie-laure PONDEVY / Nathalie CASANOVA - FEC FRANCE) qu’elles sont sur la mauvaise balise. A l’annonce de la bonne nouvelle, ils dansent ensemble. Ce soir, les filles fêteront leur exploit autour d’une soirée sur le thème de Star Wars avant un feu d’artifice. Dernière nuit au bivouac puis demain, en route pour Essaouira…